L’été 2016, j’ai eu le bonheur de vivre le départ d’une des étapes du Tour du Finistère à la voile à bord d’un bateau à l’Aber Wrac’h. Cette escapade dans le nord Finistère a aussi été l’occasion de faire une belle rencontre.
Il est impossible de passer à l’Aber Wrac’h sans marcher sur les pas du feu Père Jaouen, figure locale incontournable. J’ai décidé de redonner un coup de frais à cet article et le publier à nouveau à l’occasion du rdv #EnFranceAussi initié par Sylvie du blog Le coin des voyageurs et porté ce mois d’avril par les copines du blog 1916 kilomètres sur le thème « Un portrait, une rencontre ».
Travaillant pourtant dans le social depuis 15 ans et majoritairement dans le Grand Ouest et en Bretagne, je n’avais jamais entendu parler de ce monsieur. Je m’interroge en écrivant ces mots mais le constat est bien réel. Comment se fait-il que personne n’ait jamais fait référence à cet homme dans mon entourage professionnel ? J’en ai discuté avec ma mère qui voyait très bien qui il était et quel était le fruit de son engagement.
Néanmoins, il est une figure emblématique de la réinsertion et du monde de la mer.
C’est son neveu, Yves Loiselet, dit Zycton, qui nous a dépeint le portrait de son oncle. Cet homme, d’une cinquantaine d’années, est arrivé pieds nus sur le port, pour nous rejoindre en fin d’après-midi, accompagné de sa femme.
Mort il y a à peine 18 mois à l’âge de 95 ans, l’homme d’église a connu bien des époques.
« Démerdez-vous pour être heureux »
Né en 1920 à Ouessant, il entre au collège Bon-Secours de Brest, tenu par l’ordre des jésuites, dans lequel il passa sa vie religieuse. C’est le chemin des prisons qu’il a ensuite pris en tant qu’aumônier de la prison de Fresnes.
Sensible au côté contre-productif de la prison, il crée, en 1951, l’AJD (Aumônerie des jeunes délinquants) qui deviendra, quinze ans plus tard, l’Association des amis du jeudi-dimanche.
L’objectif premier ? Aider les jeunes délinquants.
L’AJD achète un terrain à l’Aber-Wrac’h et organise les premières sorties en mer. En effet, le père Jaouen est un homme de la mer. Au fil des ans et grâce aux dons, Michel Jaouen constitue une véritable flottille dont le célèbre Bel Espoir, un trois-mâts actuellement en chantier.
Embarquer des jeunes toxicomanes pour traverser l’Atlantique et découvrir les métiers de la mer à bord de ses voiliers, au sein d’équipages habilement composés devient le cœur du projet de l’association.
Pour cela, un chantier naval se créé sur le site.
Certains surnommaient le père Jaouen le Phare, en lien avec sa capacité métaphorique à éclairer dans la nuit ceux qui pouvaient en avoir besoin.
Un chantier naval niché au fond d’un Aber
Ici, c’est le chantier naval créé par le Père Jaouen. C’est la première fois que je mettais les pieds sur un chantier du genre et c’était passionnant. Le bâtiment principal a une architecture étonnante. Le Bel Espoir attend sagement son heure de départ pour une prochaine croisière.
Le centre de formation des Ateliers de l’Enfer à l’Aber-Wrac’h accueille en moyenne 35 stagiaires par an, encadrés par 8 enseignants dans divers ateliers : voilerie, menuiserie, charpente mécanique, …
« Démerdez-vous pour être heureux car les autres ont besoin de votre bonheur » était son leitmotiv.
Avec le temps le public, comme la société, ont évolué. Le père Jaouen croit toujours à l’immersion et au mélange des individus. Au prémices du projet, il embarquait majoritairement des toxicomanes. De nombreuses difficultés à bord découlaient de cette organisation. Il n’était pas pour stigmatiser les personnes ayant des difficultés sociales.
Permettre un mélange de public en ouvrant la navigation à tout le monde a permis de faire évoluer plutôt positivement les choses.
La rencontre et le partage sur le chantier est une composante primordiale de la réussite du projet.
Ici, chacun peut venir qu’il soit dans une période difficile de sa vie, en recherche de sens ou orientation professionnelle, en difficultés sociales.
Il était très connu pour son franc-parler. Homme d’église et de mer, chacun disait de lui qu’il pouvait être autant à l’aise avec un marin-pêcheur, un politicien ou un délinquant.
L’association fonctionne grâce aux dons depuis toujours, mais aussi des recettes des stages en mer et de la récupération.
Je vous invite à visiter le site de l’association pour poursuivre votre (re)découverte :
Contact : http://www.belespoir.com/
Aviez-vous déjà entendu parler du Père Jaouen et de son association ?
Merci encore à Yves et Marie-Anne pour leur gentillesse et disponibilité pour la visite du chantier.
Je remercie Finistère Tourisme pour l’invitation et souligne que cette collaboration n'a pas influé mon propos.
Je connaissais le Père Jaouen et les grands lignes de son action…
Je crois qu’on en parle assez peu parce qu’il dérangeait : le monde laïc car il était prêtre et l’église car il avait son franc-parler… Et puis, il y a un côté générationnel. Il s’inscrit dans la mouvance des prêtres ouvriers par exemple, de ceux qui « mouillent la chemise ».. ce qui, il faut le dire, est un peu passé de mode (ou disons plutôt ne correspond plus à la société actuelle)
Je me suis aussi interrogé sur le fait que le « monde » du travail social ne s’y retrouverait pas dans sa façon d’aborder les choses peut-être. Pour autant, il y a de la place pour toutes les approches selon moi. Merci de ton éclairage. 🙂
Un homme comme on n’en fait plus! Merci pour cette découverte!
avec plaisir Martine !
Je n’avais jamais entendu parler de lui, mais ce qu’il a fait est passionnant… Merci pour ce partage 🙂
Avec plaisir pour cette découverte alors !
Le nom me disait quelque chose, enfin surtout l’histoire du Bel Espoir. Superbe initiative en tout cas, c’est super qu’elle puisse continuer. Merci pour ce bel article!
Ouiii ! Merci de ton commentaire ! Biz
Et bien heureusement qu’il y à eu par le passé de si belle personne. Je ne sais pas si la société individualiste dans laquelle nous vivons aujourd’hui verra naître de tel personnage dans le futur. Merci pour d’avoir partager avec nous l’histoire de ce Grand Monsieur.
Merci de ton passage ! Bizz
Belle histoire que celle du Père Jaouen, homme de cœur qui a ouvert le sien aux jeunes en diificulté.
Oui c’est effectivement un beau parcours, inspirant !
Merci pour ce beau portrait d’un homme comme on n’en voit rarement de nos jours. Maintenant dans notre société moderne, c’est chacun pour soi, malheureusement !
Merci Martine pour ton commentaire. Je garde espoir qu’il existe toujours des personnes avec le même parcours !
Très belle découverte! Je suis contente que tu aies ressorti cet article, ça en valait la peine!
Moi aussi ! Merci Aurélie !
Je ne connaissais pas du tout, mais j’aime bien son leitmotiv!
Merci Anne !
Je n’en ai jamais entendu parler mais c’est un parcours fantastique, une personne qui avait un grand cœur et de la pédagogie apparemment, belle découverte ! 🙂
Oui Anne, une personne qui a changé la vie de ceux-celles qui l’ont rencontré !
Bernard : Déja il était prétre et marin .Un coeur,envi d’aider les autres,et avait choisi ceux en difficulté.Le marin les
faisaient naviguer sur l’océan pour essayer de les ramener dans le droit chemin.Plus connu qu’on ne le pense,il savait s’entourer,se faire aider,se faire aimer,quoi de plus beau que de porter la voie du Segneur.Aujourd’hui , toujours amoureux de ce qu’il a réalisé je voudrais savoir ce qu’il en reste apres son rappel a DIEU,et si le Bel Espoir navigue
encore et s il a besoin d’un don pour continuer a vivre sous l’oeil du pére